Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Démenti de l'âme

26/12/2007 | Démenti de l'âme

"La femme de Tchouang Tseu étant morte, Houei Tseu s'en fut lui offrir ses condoléances. Il trouva Tchouang Tseu assis les jambes écartées en forme de van et chantant la mesure sur une écuelle. Houei Tseu lui dit :"Que vous ne pleuriez pas la mort de celle qui fut la compagne de votre vie et qui éleva vos enfants, c'est déjà assez, mais que vous chantiez en battant l'écuelle, c'est trop fort !

Du tout, dit Tchouang Tseu. Au moment de sa mort, je fus naturellement affecté un instant, mais réfléchissant sur le commencement, je découvris qu'à l'origine elle n'avait pas de vie ; non seulement elle n'avait pas de vie, mais pas même de forme ; non seulement pas de forme, mais même pas de souffle. Quelque chose de fuyant et d'insaisissable se transforme en souffle,
le souffle en forme, la forme en vie, et maintenant voici que la vie se transforme en mort. Tout cela ressemble à la succession des quatre saisons de l'année. En ce moment, ma femme est couchée tranquillement dans la grande maison. Si je me lamentais en sanglotant bruyamment, cela signifierait que je ne comprends pas le cours du destin. C'est pourquoi je m'abstiens."


Tiré de " Tchouang Tseu-Oeuvre complète", Connaissance de l'Orient, Gallimard/Unesco

22:47 Publié dans En retard à jamais | Lien permanent